Le Premier ministre Ariel Henry savoure une grande victoire avec l’installation du Haut Conseil de la Transition, le 6 février 2023. Avec l’existence de ce conseil de trois membres, M. Henry n’est désormais plus le seul à promettre une sortie possible du tunnel de nos malheurs, à appeler la PNH et la communauté internationale à agir pour instaurer un climat sécuritaire propice à la tenue d’élections cette année.
Pour atteindre ces objectifs, les signataires de l’accord du 21 décembre prévoient de passer par la case d’un replâtrage gouvernemental, des changements au niveau de certaines directions générales, l’instauration de l’Organisme de controle de l’action gouvernementale, la formation du CEP, une réforme constitutionnelle… Tout un programme.
Il reste à savoir si c’est le « repartimiento », le partage des carcasses de l’Etat entre alliées du pouvoir Henry ou la recherche d’un certain dynamisme qui motivera les changements annoncés au sein du gouvernement. Le partage de gâteau est une constante en Haïti. Dans le second cas, c’est une gageure de faire bien et vite ici où tout chef prend au moins trois mois avant de trouver ses marques.
Au plan de la sécurité, le temps ne peut plus être à l’improvisation, à l’overdose de promesses comme M. Henry en a l’habitude. Les expressions de colère du 26 janvier et des jours suivants, après l’assassinat de 6 policiers à Liancourt, dont les cadavres n’ont pas été récupérés, ont provoqué d’autres fissures institutionnelles, sont révélatrices de faiblesses opérationnelles et d’un niveau d’influence pour le moins toxique de politiques au sein de la PNH. Les décideurs et tuteurs auraient bien tort de sous-estimer ces problèmes.
Pour le gouvernement Henry, le HCT et la communauté internationale, la PNH doit devenir un vrai chantier prioritaire. Si le problème de gouvernance et de confiance entre la hiérarchie et la base ne doivent plus non plus être occulté, il faut cependant de la maitrise, du tact et de l’ingéniosité pour une remise sur les rails de cette institution, épine dorsale aujourd’hui de ce qui reste d’Etat en Haïti.