Plus de 600 entités ont déjà paraphé l’accord du 21 décembre dénommé « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes », a confié au Nouvelliste Jean Vilmont Hilaire, l’un des facilitateurs. Cet accord prévoit notamment un « équilibre politique » par la formation d’un Haut conseil de la transition de 3 membres et l’organisation des élections pour permettre à un gouvernement élu de prendre le pouvoir le 7 février 2024. Le secteur politique, la société civile et le secteur des affaires ont déjà désigné leurs représentants au HCT.

Toutefois, d’importants partis politiques n’ont pas signé l’accord ou s’y opposent catégoriquement. Le Nouvelliste a appris que Fanmi Lavalas, PHTK, OPL font partie des structures politiques qui n’ont pas paraphé le document pour le moment. Hormis la Fusion des sociaux démocrates, les 10 partis arrivés en tête lors de la dernière présidentielle de 2016, notamment PHTK, Pitit Dessalines, Fanmi Lavalas, LAPEH, Renmen Ayiti, etc. boudent pour l’heure cet accord qui vise l’organisation des prochaines élections.

Le parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (UNIR/INI-AYITI) a publié une note de clarification dans laquelle il souligne qu’il n’a pas signé l’accord du 21 décembre. « UNIR estime que cet accord ne rencontre pas ce qui est indispensable pour stabiliser le pays : un compromis inclusif et un consensus large, en faveur desquels UNIR a œuvré ces quatre derniers mois durant de longues séances de discussions avec des groupes politiques de toutes les tendances. Le Haut Conseil de la Transition (HCT) est confié en majorité à la société civile et au secteur privé en laissant volontairement de côté les partis politiques. Face à la crise aiguë que connaît Haïti dans laquelle l’ont maintenu des acteurs politiques et économiques malhonnêtes et corrompus, UNIR continue de plaider pour un Consensus qui puisse rassembler la majorité des forces vives du pays. Telle est la faiblesse de l’Accord du 21 décembre 2022. En plus, UNIR juge que la signature d’un accord doit-être favorable au pays et non à des signataires à qui il est promis des postes dans le gouvernement et dans l’administration. Encore une fois, le peuple haïtien ne va rien bénéficier d’un tel accord. Haïti est oublié », dénonce le parti dirigé par Clarens Renois.

Le journal a contacté l’ancien député Jerry Tardieu, leader du parti En Avant. Selon lui, le parti qu’il dirige est favorable à toute initiative inclusive visant à obtenir un consensus national suffisant pour une transition réussie. « Toutefois, nuance-t-il, tout en considérant l’accord du 21 décembre comme un pas dans la bonne direction, En Avant ne l’a pas signé, estimant que le consensus est insuffisant et que des points importants devraient être débattus de façon profonde et transparente. A cette fin, le parti En Avant s’accroche à l’idée d’un grand sommet politique en janvier pour élargir et crédibiliser le consensus, a ajouté Tardieu.

Selon Jerry Tardieu, le rôle du Haut Conseil de Transition doit être éclairci. « Un bon accord politique de transition doit « tenir » les partis politiques en dehors de toute participation au gouvernement. Cela est primordial pour l’impartialité des élections à venir », a-t-il soutenu.

Lors d’un point de presse donné le 22 décembre au Cap-Haïtien, l’ancien sénateur Jean Charles Moïse, leader du parti Pitit Dessalines, a été lui aussi très critique à l’endroit de ce nouvel accord. L’ancien candidat à la présidence a rejeté d’un revers de main la formation du Haut Conseil de Transition (HTC) prévu par le document.

Pour l’ancien sénateur du Nord qui, lui aussi, avait instauré un « Konsèy tranzisyon pèp souvren (KTPS) », la formation du HCT ne fait que renforcer le pouvoir du Premier ministre qui fait main basse sur les différentes institutions étatiques du pays. Il estime que cette structure ne va rien apporter en termes de résolution de la crise actuelle.

Les différentes entités de l’accord de Montana, en conférence de presse à l’hôtel Karibe jeudi 29 décembre, ont également rejeté d’un revers de main l’accord du 21 décembre paraphé par Ariel Henry et des représentants de la classe politique, de la société civile et du monde des affaires. « Face à l’ampleur de la crise qui sévit dans le pays, les entités de Montana ont été sidérées d’apprendre que les responsables en place, certains membres du secteur privé des affaires, certains partis politiques, certaines organisations de la société civile ont décidé de se mettre ensemble pour confirmer et endosser le bilan catastrophique du premier ministre en poste et de son gouvernement. Pour le féliciter, ils ont prolongé le service de son gouvernement monocéphale pour un minimum de 14 mois », s’est indigné le président élu de l’accord de Montana, Fritz Alphonse Jean, au cours de cette conférence de presse.

« Il s’agit d’une manœuvre visant à organiser des élections bidon pour placer à la tête de l’État des marionnettes afin de pouvoir continuer à jouir de certains privilèges dans des institutions comme la douane, la Direction générale des impôts, l’Office nationale de l’assurance vieillesse, entre autres », a poursuivi l’ancien gouverneur de la banque centrale.

 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *