M.A, une fillette de 10 ans, était à bord d’un véhicule de police conduit par son père, le commissaire Jean Ismay Auguste. Sa mère, Clotilde Vilus, comptable niveau 2 à la mairie de Croix-des-Bouquets, y était elle aussi. Peu avant 19 heures, non loin de l’hôpital Jimecou, vers La Tremblay, où habite cette famille, le véhicule est arrosé de balles. Les détonations sont infernales. M.A voit mourir ses parents. Le long de son dos, coule du sang. Touchée à la nuque, elle a pu s’extraire du véhicule pour se planquer. M.A est rattrapée et conduite devant cet hôpital par les bandits qui ont ouvert le feu sur le véhicule. Au téléphone, elle trouve un collègue de sa mère. « Mon père et ma mère viennent d’être tués… », a confié M.A à un proche, collègue de sa mère où elles s’étaient rendues en milieu d’après-midi.
Le proche, interrogé par Le Nouvelliste, redoutait le pire lorsque Clotilde Vilus a pris un tap-tap, en direction du calvaire, à l’entrée de Croix-des-Bouquets pour le rejoindre à mi-chemin. Des tirs retentisssaient durant toute la journée, a confié ce proche qui suit l’évolution de l’état de santé de M.A qui a pu être opérée. Ses jours ne sont pas en danger. Mais la terre s’est dérobée sous les pieds de cette enfant. Elle n’en finit pas de réclamer la présence de sa mère. « Où est maman, où est maman », répète-t-elle. « Aujourd’hui, on a cité son nom à l’école. Elle a eu 7,25 de moyenne », a rapporté avec une pointe d’amertume et de colère ce proche alors que la famille vit un autre drame.
Les bandits, a appris le journal, ont emporté les cadavres ainsi que le véhicule conduit par le commissaire Jean Ismay Auguste, ex-responsable de la police communautaire et ex-contact presse à la Direction départementale de l’Ouest de la Police nationale d’Haïti (PNH). Le porte-parole de la PNH, l’inspecteur divisionnaire Garry Desrosiers, ne parle pas d’assassinat du couple. Il n’y a pas de cadavre. Pas de constat légal. « Nous sommes à la recherche du commissaire et de sa femme », a fait savoir Gary Desrosiers au Nouvelliste, jeudi en milieu d’après-midi. Les faits signalés ont eu lieu « après l’opération de la PNH », a souligné Garry Desrosiers. « Plusieurs bandits ont été mortellement blessés », a ajouté Garry Desrosiers. Il n’y a pas eu de blessés dans les rangs des policiers impliqués dans cette opération. Un véhicule de police a essuyé 6 à 7 impacts de projectiles, a-t-il précisé.
« Le commissariat de la Croix-des-Bouquets, appuyé par des unités spécialisées SWAAT, BRI, BLTS, BLVV, BIM, CIMO et la brigade d’intervention de Tabarre a mené mercredi 19 janvier 2022 une importante opération à Cité Doudoune, quartier situé non loin du centre-ville où plusieurs bandits ont mortellement été touchés dans des échanges de tirs », avait tweeté la police nationale en début d’après-midi. « Quatre individus ont été appréhendés lors de cette opération qui s’inscrit dans le cadre d’un plan global visant à démanteler tous les réseaux de gangs opérant dans la commune de la Croix-des-Bouquets », a indiqué la PNH, qui indique que « Roberson Aristide, né le 6 mars 1988 à Zoranje (Croix-des-Bouquets), Roselie Cherismé, née le 22 avril 1979 à Roche-à-Bateau (Sud), Emmanuel Syvestre, né le 22 décembre 1986 à Port-au-Prince, Denis Lespérance, né le 15 août 1995 à Belle-Anse (Sud-Est), ont été appréhendés dans le cadre de cette opération. Roselie Cherismé est la concubine de “Dominique” ainsi connu qui est un chef de gang évoluant à “Cité Doudoune” et travaillant pour le compte du groupe 400 Mawozo », a indiqué la PNH.
Hier mercredi et encore ce jeudi, des coups de feu ont rythmé le quotidien des habitants de Croix-des-Bouquets qui ressemble de plus en plus à un champ de bataille. Il y a eu d’autres victimes à Croix-des-Bouquets, ont rapporté deux autres sources interrogées par Le Nouvelliste. En milieu de journée, mercredi, deux vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient des individus lourdement armés circulant dans la ville.