L’ambassade d’Haïti à Washington se retrouve à nouveau sous les projecteurs. Pour le moment, le sujet est évoqué dans les mouchoirs « qu’il y aurait des problèmes », « un scandale » avec l’argent payé par des ressortissants haïtiens pour obtenir leur passeport, a appris Le Nouvelliste de sources concordantes fin avril 2023.
L’ambassadeur d’Haïti à Washington, Edmond Bocchit, contacté par le journal le 25 avril, n’a pas encore répondu à nos messages. Mais ce mardi 2 mai 2023, le ministre des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, interrogé par Le Nouvelliste, a confié que l’ambassadeur Edmond Bocchit a été rappelé de son poste.
« Oui », a répondu le chancelier Jean Victor Généus de manière laconique, s’en tenant à l’impossibilité, déjà exprimée le 25 avril, de faire des déclarations. « Pour l’instant, je ne peux pas faire trop de déclaration. Le processus est toujours en cours », a dit le chancelier Généus ce mardi 2 mai.
« Une mission est à pied d’œuvre et présentera bientôt son rapport », avait répondu le 25 avril le chancelier Généus, interrogé sur l’existence d’une mission d’évaluation dans les ambassades en ce qui concerne les émissions de passeports. « Patientez un peu. La presse en sera informée », avait assuré le chancelier.
Le Nouvelliste, depuis plusieurs jours, a appris que ce nouveau scandale a fait des échos au Département d’Etat américain et au FBI qui auraient demandé aux autorités haïtiennes de prendre des mesures appropriées.
Précédent scandale, pas d’avancée ou peur d’avancer
En mars 2022, l’ambassade d’Haiti aux USA avait défrayé la chronique. La gestion des fonds de passeports à l’ambassade d’Haïti à Washington, des contrats problématiques, dont ceux pour le lobbying, sont dans le viseur de la chancellerie haïtienne et de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, avait appris le journal Le Nouvelliste.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean Généus, interrogé par le journal, avait confié que « des missions d’inspection et d’audit ont été effectuées dans deux consulats. Les rapports seront soumis aux autorités concernées pour décisions ». « Les scandales à répétition qui ternissent l’image de la chancellerie doivent être sanctionnés », avait poursuivi Jean Généus, soulignant « qu’il y a aura rappel, transfert et révocation ».
« Les décisions seront prises à partir des critères objectifs et non partisans. Les fonctionnaires non impliqués dans des cas de malversation, de détournement de fonds ou de scandales n’ont pas à s’inquiéter », avait assuré, en interview avec Le Nouvelliste, le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus.
« Les cas des personnes nommées de façon irrégulière feront l’objet d’une attention particulière. Il en sera de même des contrats signés et des nominations effectuées sans l’aval de la chancellerie », avait prévenu le chancelier.
Le président d’alors de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif CSCCA), Fritz Robert St Paul, répondant aux questions du Nouvelliste, mercredi 9 mars 2022, avait confirmé avoir reçu une correspondance du président du Sénat de la République, Joseph Lambert, demandant à ladite Cour de braquer ses projecteurs sur ce qui se passe dans certaines représentations diplomatiques d’Haïti. « Le conseil de la Cour avait déjà pris la décision d’auditer la gestion des passeports à l’ambassade d’Haïti à Washington et de se pencher sur les contrats de lobbying, entre autres », avait indiqué Fritz Robert St Paul.
Plus d’un an après, nos sources ont indiqué qu’il n’y avait pas eu d’avancées notoires. Des documents demandés par la Cour des comptes n’ont pas été acheminés, a indiqué l’une de nos sources, déplorant que cela soit une pratique courante de ne pas envoyer ou de traîner les pieds avec des documents exigés par la CSCCA.
La sécurité du processus d’émission de passeports est fondamentale. L’existence de bureau quasi parallèle d’émission de ce document officiel, en dehors du circuit réglementaire et contrôlé, constitue une menace à la sécurité régionale, a expliqué une de nos sources.